C.J.P. NUNNEY, Canadien, le Soldat magnifique de VIS-EN-ARTOIS.
Claude Joseph Patrick Nunney V.C., D.C.M., M.M. est né à Hastings (Comté du Kent au sud de l’Angleterre) sous l’identité de Stephen Sargent Claude Nunney. Son père s’appelait William Percy Nunney et sa mère Marie Nunney anciennement Sargent, ils habitaient au 42 Bexhill Road, à Hastings, le 19 juillet 1892. Son père est né à Burford, Oxfordshire. Claude, comme on l'appelait dans sa famille, était la quatrième de huit enfants. La famille a quitté Hastings en 1895 pour emménager à Kentish Town, St Pancras, un quartier de Londres, où sa mère mourut d'une intoxication alimentaire en Février 1899. Deux frères et sœurs de Claude sont morts très jeunes, et des six autres, cinq furent confiés aux soins de l'Eglise Catholique. Les trois garçons nés en Hastings, Frederick George, Stephen Claude et Alfred Nunney ont tous été intégrés au programme « British Home Children » (B.H.C.) soit « Accueil des enfants Anglais » au Canada.
Alfred et Stephen Nunney ont voyagé ensemble à bord du SS Tunisian en octobre 1905 jusqu’à Québec, puis à la Maison de St George à Hintonburg, Ottawa, Ontario. Ils ont été séparés et envoyés dans des familles différentes, Alfred dans le Comté de Renfrew à Micksburg, et Claude à North Lancaster. Alfred avait juste douze ans, il est né le 29 septembre 1893, et Claude treize ans quand ils sont allés dans leurs directions distinctes. Claude Nunney a été placé chez Mme Donald Roy McDonald, où il a vécu et travaillé en tant que « employé de ferme du programme accueil des enfants ».
Le terme « Accueil des enfants Anglais » s’adressait aux jeunes filles orphelines et jeunes garçons orphelins envoyés en émigration par divers organismes au Canada pour commencer une nouvelle vie.
À l'insu de Claude, son frère George Nunney, qui était venu comme B.H.C. au Canada en octobre 1904, s’est noyé le 19 juillet 1908 dans la rivière Jock. C'est à environ 150 kilomètres de North Lancaster. Il était âgé de seulement 17 ans, il était également né à Hastings le 27 décembre 1890, il avait été placé chez Patrick Houlahan, un agriculteur local.
Claude dans la période 1913 et 1914 jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale s’est rendu pour travailler à Trenton et à Sainte-Catherine, Canada. Il est revenu au canton de North Lancaster en début de 1915.
Le 8 février 1915, Claude Nunney a assisté à la salle d'exercices Alexandria, dans le comté de Glengarry ; il fut l'un des premiers à s'enrôler dans le régiment nouvellement constitué à Ottawa : l’Eastern Ontario Regiment, qui a été transformé en 38e Battalion (Bn) de la Force Expéditionnaire Canadienne (CEF). Nunney a affirmé être né à Dublin. Claude n’avait pas effectué de service militaire précédemment. Il mesurait cinq pieds six pouces de hauteur (1.68 m) avec des yeux bleus et des cheveux roux. La couleur de ses cheveux l'a amené à être surnommé par ses camarades "Red Nunney".
Le 38e Bn CEF s’est embarqué en août 1915 à bord du SS Grampian, pas en France comme le souhaitaient les hommes, mais aux Bermudes, où ils ont été en garnison. Finalement, en Juin 1916, les hommes du 38e Bn CEF ont débarqué à Plymouth en Angleterre et se sont rendus à Aldershot, comté du Hampshire, au sud-ouest de l'Angleterre, pour parfaire leur entrainement. Le 38e CEF rejoint la 12e Brigade d'Infanterie Canadienne, de la 4e Division Canadienne. Ils ont reçu une formation plus poussée en vue de la guerre des tranchées de l’autre côté de la Manche.
Le 38e Bn CEF, le 13 août 1916, est arrivé pour combattre en France et dans les Flandres, où ils se sont battus jusqu'à la fin de la guerre le 11 novembre 1918. La première action d'envergure du régiment d'Ottawa était le 18 novembre 1916 : la bataille de la Crête d'Ancre, dans la Somme, où ils ont été impliqués dans des combats acharnés sur la tranchée « Desire », et où ils devaient attaquer à travers une mer de boue pour atteindre leurs objectifs.
Le Soldat Claude Nunney a participé aux violents combats pour prendre la crête de Vimy, le 8 avril 1917. Il a été envoyé avec son équipe et une mitrailleuse Lewis pour soutenir le capitaine Thain McDowell. Pour la bravoure montré ce jour-là le capitaine MacDowell obtenait la première Croix de Victoria (V.C.) du 38e Bn CEF. Claude Nunney pour son soutien auprès du capitaine McDowell a reçu le Médaille de conduite distinguée (D.C.M.). Claude a été blessé à l'épaule gauche, avant l'action avec MacDowell. Il a reçu une deuxième blessure à la jambe droite. Il fut bientôt de retour avec le 38e Bn CEF le 12 avril. Il a été promu au grade de sergent dans les semaines qui suivirent la bataille de Vimy.
Après Vimy les combats ont occupé le 38e Bn CEF régulièrement vers le nord en direction de Lens. Les Canadiens ont reçu l'ordre d'attaquer Avion le 26 Juin 1917. Ils étaient en première ligne pour les quatre prochains jours combattant dans les habitations à la périphérie de Avion. Le 28 juin Claude Nunney a pris l’initiative d’une attaque avant d'avoir atteint les tranchées ennemies, car le Lieutenant MacLennan, son officier de peloton, avait été blessé et donc il se retrouvait en charge en tant que sergent de peloton. Il obtint la Médaille militaire (M.M.). La citation indique qu’il déployait la plus grande force d'énergie et de courage, ce jour-là et dans les deux jours suivants. Claude avait également aidé dans le traitement et le sauvetage d'un blessé, le soldat William Murray, qui avait reçu une balle dans la tête par un tireur d'élite, et où il n'y avait pas de brancardiers disponibles.
Claude Nunney a été gazé pendant les bombardements allemands dans la nuit du 28 au 29 juillet 1917 et a passé deux mois à l'hôpital. Il est revenu à son unité fin septembre 1917, il a été détaché à l'École du Corps Canadien, et est resté avec eux les mois suivants. Nunney n'était pas avec le 38e Bn CEF quand ils se sont battus dans la troisième bataille d'Ypres, l'offensive Passchendaele en Belgique.
À la mi-avril 1918, le 38e Bn CEF étaient de retour dans la région de Vimy. Claude devait faire face à une cour martiale pour avoir frappé un officier supérieur de terrain. Le 25 avril 1918, il a été reconnu coupable. En attendant d'être emmené en prison, il a tenté avec plusieurs autres soldats de sauver le pilote et l'observateur d'un avion allemand, en feu, qui avait été abattu à proximité. Il devait subir de sérieuses brûlures au visage et aux mains. Pour sa bravoure, il obtint son sursis. Mais il devait perdre ses galons de sergent, retrouvant le statut de simple soldat. Claude Nunney a pu rejoindre le 38e Bn CEF le 18 août.
Son frère Alfred Nunney a été tué au combat avec les 44e Bn CEF le 10 août 1918 lors d’une attaque sur Fouquescourt dans la Somme.
Les divisions de l'Armée Canadienne ont toutes été fortement engagées dans les violents combats qui ont eu lieu dans les 100 derniers jours de la guerre et le 38e Bn CEF a été impliqué plus que jamais. Au cours des deux jours à partir du 1er septembre 1918, le 38e Bn CEF attaque les réseaux de tranchées défensives bien construits et fortifiés abritant la ligne Drocourt-Quéant. Claude Nunney se distingue, comme cela a été son habitude tout au long de sa présence en France : en visitant les différents postes du bataillon, au plus fort des combats, encourageant ses compagnons avec ses mots ainsi que par son exemple. Le deuxième jour Nunney devait être grièvement blessé au visage et au cou. Il a été évacué à Mingoval où il a succombé à ses blessures le 18 septembre 1918, il est enterré dans l’extension du cimetière communal d'Aubigny-en-Artois. Le 9 septembre 1918 Nunney a été recommandé par la Première Armée Britannique en vue de l'attribution de la Croix de Victoria pour sa bravoure pendant les opérations de la Scarpe pour capturer les tranchées fortifiées allemandes formant la ligne Drocourt-Quéant.
La décoration de Claude Nunney de la Croix de Victoria a été publiée dans la Gazette de Londres le 14 décembre 1918.
La citation : "Matricule 410935 Soldat Claude Joseph Patrick Nunney VC DCM MM, 38e Bn Bataillon, Eastern Ontario Regiment.
Pour sa bravoure pendant les opérations contre la ligne Drocourt-Quéant les 1er et 2nd Septembre 1918, lorsque son bataillon était dans les environs de Vis-en-Artois, en préparation à la progression, l'ennemi a déclenché un barrage lourd et contre attaqué. Nunney, qui était à ce moment au quartier général, immédiatement de sa propre initiative, a traversé le barrage jusqu’aux lignes d'avant-postes de la compagnie, passant de poste en poste et en encourageant les hommes par son propre exemple courageux. L'ennemi a été repoussé et une situation critique a été enregistrée. Lors de l'attaque le 2 septembre1918, son élan, sans cesse, l’a toujours placé en avant de ses compagnons, et son exemple courageux, sans aucun doute, a contribué grandement à mener le bataillon vers ses objectifs. Il a déployé toute sa bravoure jusqu'à ce qu'il soit grièvement blessé, « Red Nunney » mourut le 18 septembre 1918.
« Red Nunney » était l'un des sept Soldats Canadiens à recevoir la Croix de Victoria pour les attaques réussies sur la ligne Drocourt-Quéant.
Soldat CJP Nunney VC DCM MM était des hommes du rang le plus hautement décoré de l'armée canadienne dans la Grande Guerre. Il devait être le deuxième et le dernier destinataire du 38e Bn CEF de la Victoria Cross. Claude Nunney était le seul homme né à Hastings à recevoir la Croix de Victoria pendant la Première Guerre Mondiale.